3

Ils étaient maintenant trois dans la chambre. Deux hommes, une femme. Reconnaissable à sa taille fine et à sa voix haut perchée, elle se comprimait probablement les seins avec des bandelettes. Elle s’efforçait d’ailleurs d’adopter une attitude virile face à ses deux compagnons, les jambes légèrement écartées, les épaules droites, les bras croisés sur sa poitrine plate, le fusil d’assaut coincé contre sa hanche. Ses chaussures aux semelles épaisses lui montaient presque jusqu’aux genoux. De temps à autre, un geste lui échappait, qui trahissait sa féminité, un gracieux mouvement de tête, l’époussetage d’une poussière sur une manche de sa combinaison noire, un regard de biais adressé à Jemma où se lisait une certaine connivence. Ses yeux ouvraient un ciel si clair, si pur, dans les ténèbres de sa cagoule qu’ils paraissaient irréels.

Ils parlaient entre eux une langue dont Jemma ne comprenait pas un traître mot. L’homme qui était entré en premier dans la chambre avait retiré le canon de son arme d’entre ses cuisses avec une telle précipitation qu’il lui avait éraflé la peau avec la mire. Des bruits de meubles déplacés ou renversés montaient du rez-de-chaussée et des autres pièces du premier. Que pouvaient-ils bien chercher dans sa maison ? Jemma n’avait jamais adhéré au moindre groupuscule politique ou religieux, elle s’était contentée d’appartenir au clan des privilégiés, de loger dans une résidence protégée, de ne pas s’angoisser pour ses fins de mois, de consommer quelques amants médiocres et de couver sa fille. Elle ne recelait aucun document compromettant, pas même un tract, un livre ou un film interdit. À moins que son ex ne lui ait caché une existence antérieure secrète et mouvementée. Peu probable. L’ex n’était pas de ceux qui bravaient le danger pour une conviction. Il s’était débrouillé pour échapper aux dernières années de guerre sur le Front Est. Il s’était seulement autorisé quelques entorses vénielles au devoir conjugal, des adultères étouffées, des bribes de jouissance dérobées jusqu’à ce que la Walkyrie anorexique d’un mètre quatre-vingt-deux lui mette le grappin dessus. Il avait toujours fantasmé sur les grandes femmes maigres, or, quand elle l’avait rencontré, Jemma dépassait à peine le mètre soixante-trois pour cinquante-six kilos.

Quarante-neuf maintenant. Le chagrin avait effacé ses formes, découpé ses côtes et ses hanches, creusé ses salières, ses cernes et ses rides. Peut-être l’œil de l’ex se rallumerait-il de convoitise s’il la contemplait ainsi décharnée, ainsi remodelée par les rayons X ? Comment elle avait pu tomber amoureuse d’un type qui préférait la dureté de l’os à la douceur de la peau ?

Son regard se posa machinalement sur les chiffres fluorescents du radio-réveil de Manon.

23.56.

Le souvenir de sa fille l’étreignit avec une telle violence qu’elle étouffa un gémissement. Les trois membres du commando suspendirent leur conversation et se tournèrent vers elle. Le regard clair de la femme se teintait de compassion tandis que l’agacement et la concupiscence se mêlaient dans les yeux sombres et luisants des deux hommes. Elle resserra de nouveau les pans de son peignoir et, frissonnante, se recroquevilla sur elle-même. La peur, une peur panique, déferla en elle avec la force d’un torrent. Ils allaient la tuer, pas l’ombre d’un doute.

La tuer parce que, même s’ils ne trouvaient rien dans la maison – et ils ne trouveraient rien –, ils ne pouvaient pas se permettre d’abandonner un témoin derrière eux. Avec leurs ordinateurs à visualiser les pensées, les flics pourraient repérer et agrandir un détail qui les mettrait sur la piste. Seuls les morts ne pensaient pas, ne parlaient pas. Elle ressentit de la colère envers les bâtisseurs de la résidence. Ils avaient garanti sécurité et tranquillité aux futurs occupants, et des salopards avaient enlevé Manon sans déclencher la moindre alerte, des fanatiques en combinaison et cagoule noires s’étaient introduits chez elle au nez et à la barbe des vigiles, des chiens et des caméras. Si elle s’en sortait, elle poursuivrait en justice la société Paul & Virginie qui avait présenté ses résidences comme des « îles paradisiaques et inviolables du cœur de la cité ».

Jemma ne pouvait pas mourir, Manon était peut-être encore en vie, elle aurait besoin de sa mère pour reconstruire sa vie. C’était à cet infime espoir qu’elle s’était raccroché pour s’interdire d’avaler le tube entier d’antidépresseurs. En donnant naissance à sa fille, elle avait ouvert la porte au pire et au meilleur. Le malheur présent était à la mesure de ses joies passées, un gouffre sans fond, une douleur sans nom.

Le silence redescendit peu à peu sur la maison. Un quatrième homme, vêtu également d’une combinaison et d’une cagoule noires, s’introduisit dans la chambre et, après un coup d’œil surpris en direction de Jemma, échangea quelques mots à voix basse avec les trois autres. La femme se retourna et se rapprocha du lit, le fusil d’assaut brandi à hauteur du bassin, pendant que les hommes sortaient dans le couloir. Désignée pour exécuter la sentence. La bouche du canon se promena à quelques centimètres de la tête de Jemma. Elle aurait voulu fermer les yeux, mais ses paupières ne lui obéissaient pas, ni aucune autre partie de son corps, elle ne pouvait s’empêcher de fixer avec épouvante le cercle gris et noir d’où la mort s’apprêtait à surgir. Paralysée, souris fascinée par l’œil d’un reptile.

« Détendez-vous. Nous n’avons pas l’intention de vous tuer. Le Christ a chassé les marchands du Temple, pas leurs clients. »

La femme parlait avec un léger accent alsacien ou lorrain. Ses paroles mirent un peu de temps à se frayer un passage jusqu’au cerveau gelé de Jemma.

« Que… pourquoi…

– … nous nous sommes introduits chez vous en pleine nuit, c’est bien votre question ? »

Jemma acquiesça d’un mouvement de tête. Elle tremblait de tous ses membres. Pas la force de refermer les pans de son peignoir qui, à nouveau, s’entrouvrait sur ses jambes et son ventre.

« À cette question, vous me permettrez de ne pas répondre. Aux flics, vous raconterez ce que vous voudrez. »

La femme se dirigea d’une foulée énergique et souple vers la porte de la chambre, se retourna avant de sortir, effleura d’un revers de main les deux L brillants et entrecroisés sur le devant de sa combinaison.

« Vous pouvez les appeler maintenant si vous le souhaitez. Nous serons déjà loin lorsqu’ils sonneront à votre porte. Que la paix du Seigneur soit avec vous. »

Jemma resta un long moment sur le lit, incapable de bouger, après que la porte principale se fut refermée et que la maison eut recouvré sa tranquillité familière. Incapable également d’ordonner ses pensées, flottant entre veille et sommeil, entre rêve et réalité. Ses muscles noués par la terreur refusaient de se détendre. Comme si elle sortait d’un cours intensif de gym après des mois d’inactivité, ou qu’elle venait de rouler sur un interminable lit de cailloux. Elle se glissa dans les draps, ces draps qu’elle n’avait pas eu le cœur de changer et qui restaient imprégnés de l’odeur de Manon, puis elle tira la couverture sur elle. La dernière phrase prononcée par la femme du commando se détacha de son tumulte intérieur.

Que la paix du Seigneur soit avec vous. Que la paix du Seigneur soit avec… Que la paix du Seigneur… Que la paix…

 

Elle n’avait pas rêvé. Des meubles avaient bel et bien changé de place, des tiroirs étaient restés ouverts, des papiers et les éclats d’un vase brisé jonchaient le parquet blond du salon. Le commando avait neutralisé, sans les endommager, les quatre serrures électroniques de la porte principale présentées comme inviolables par les conseillers commerciaux de Paul & Virginie.

Jemma se connecta sur le Net, lança une recherche sur la symbolique des deux L, visita plusieurs adresses dédiées à la gloire de l’archange Michel, l’ancien dictateur assassiné dans son bunker de Roumanie, trouva enfin ce qu’elle cherchait, le site des nouveaux fantassins du Christ Roi. Elle découvrit, sur la page d’accueil, les mêmes cagoules et uniformes noirs, les mêmes fusils d’assaut, les mêmes L argentés que ceux de ses visiteurs nocturnes. La légion du Christ Roi exigeait le retour à l’ordre moral et l’expulsion du territoire européen de tous les démons, de tous les déviants, de tous les païens. Elle porterait le fer et le feu dans chaque ville, dans chaque village, dans chaque rue, dans chaque maison abritant les ennemis du Sauveur. Elle se substituerait au gouvernement européen, qu’elle accusait d’incurie et de félonie, jusqu’à ce que ce dernier consente enfin à s’atteler à la tâche, à finir de nettoyer ces écuries d’Augias qu’étaient devenues les terres occidentales, à rendre sa gloire et sa légitimité à la chrétienté. Telle était la condition indispensable à la parousie, au jugement dernier, à l’établissement du paradis sur Terre.

Les diatribes des fantassins du Christ Roi n’étaient guère différentes dans le fond du discours des anciennes relations de Jemma. Elle-même avait plus ou moins adhéré à cette idée de purification du territoire européen. Comme on ne pouvait pas vivre en bonne intelligence avec des religions aussi extrémistes que l’islam, il valait mieux que chacun reste chez soi, à l’intérieur de frontières définies et bien gardées. La guerre contre le Moyen-Orient avait fait des millions de morts de part et d’autre du Front (certains avançaient le chiffre faramineux de cinquante millions), mais elle avait eu le mérite de clarifier les positions, d’enrayer le brassage des cultures et des peuples qui avait failli terrasser le grand corps européen.

Jemma ne se considérait pas comme une diablesse, une déviante ou une païenne. Les fantassins du Christ ne s’étaient certainement pas introduits chez elle parce qu’elle était divorcée – le divorce était sur la sellette au nouveau Parlement de Bruxelles, où les députés avaient déjà limité la contraception et interdit l’avortement, un crime passible de la peine de mort. Ni parce que des amants éphémères avaient échoué dans son lit : les relations sexuelles hors mariage entre adultes consentants n’étaient pas considérées comme un délit, du moins pas encore. Elle ne trouva, sur les trente pages du site, aucune indication qui aurait pu l’éclairer sur les motifs de leur intrusion. Elle explora l’adresse d’un groupe anarchiste qui militait pour le retour aux libertés fondamentales et fustigeait avec une violence inouïe la légion du Christ Roi, « l’un des tentacules de Rome, la grande prostituée, qui étouffent les peuples d’Europe, les apôtres de la violence qui tendent non pas la joue, mais l’arme en joue, le serpent biblique qu’il faut écraser à coups de pierre ou de talon… »

Jemma se redressa et, entre ses paupières mi-closes, contempla l’écran de son ordinateur inséré dans le mur. L’accès au nouvel Internet était l’un des arguments de vente des résidences Paul & Virginie. Condamnés et démantelés sous le règne de l’archange Michel, les ordinateurs et les réseaux avaient amorcé un timide retour en grâce à la fin de la guerre. Leur prix excessif les réservait encore aux élites retranchées dans les résidences surveillées et aux pirates disséminés sur le reste du territoire. Les fournisseurs d’accès ne recevaient leur agrément qu’à la condition de proscrire toute violence, toute pornographie, toute atteinte générale à la religion, à la morale et à la dignité humaine. Des hackers réussissaient de temps à autre à forcer les barrages, tel ce groupuscule anarchiste, mais, en général, ils n’y demeuraient que le temps pour les fournisseurs de poser de nouveaux verrous.

Comme tous les matins depuis quelques semaines, des larmes roulèrent sur les joues de Jemma, lasse, vidée de ses forces. La brutale envie de vivre qui l’avait secouée au milieu de la nuit ne lui revenait pas avec le jour. Elle ne savait pas quoi faire de ce corps qui se flétrissait en accéléré, de ce cerveau vide de projet. Manger, se laver, s’habiller, à quoi bon ? Elle ne s’accordait pas suffisamment d’intérêt pour vivre en tête à tête avec elle-même. Elle éteignit l’ordinateur et se rendit dans la cuisine d’une démarche traînante. Chaque recoin de la maison lui rappelait Manon, ses photos, ses dessins fixés au mur, ses jouets, son manteau, ses chaussures au pied de l’escalier, ses cris et ses rires accrochés au silence. Elle se servit machinalement un café au percolateur, puis, la tasse en main, se dirigea vers la boîte aux lettres encastrée dans le mur à côté de la porte.

Trois lettres portaient le cachet d’associations de familles dont les enfants avaient disparu. Elles contenaient sans doute des formulaires d’adhésion et les promesses d’un soutien juridique et psychologique qui l’aiderait à surmonter son épreuve. Elle les jeta à la poubelle sans même les ouvrir. La quatrième enveloppe, d’une couleur vert pâle caractéristique, émanait de la BioFis. Elle la décacheta, parcourut le texte laconique qui lui signifiait son licenciement définitif sans préavis ni indemnité, conformément à la nouvelle législation européenne du travail. On lui accordait un délai de trois jours pour récupérer ses affaires à son bureau et, avec une ironie probablement involontaire, on lui souhaitait bonne chance pour sa nouvelle vie. Elle se souvint tout à coup qu’elle n’avait pas encore vidé sa vessie. Elle se rendit presque en courant aux toilettes, mais, au lieu de s’asseoir sur la cuvette, elle s’agenouilla et régurgita le peu de solide qui garnissait son estomac. Une série de spasmes violents expulsèrent ses dernières gouttes d’amertume.

 

Les notes prolongées et harmonieuses du carillon la cueillirent en pleine torpeur. Elle s’était assoupie dans le canapé devant la télévision. Elle avait coupé le son et les images traversaient l’écran en silence comme des éclats de cauchemars. Elle ne s’était pas encore lavée ni habillée. Un goût de fiel dans la gorge, elle se leva avec difficulté et vérifia, dans le miroir du salon, qu’elle ressemblait bel et bien à un épouvantail. Envie de pisser, à nouveau. Elle avait parfois la sensation d’être une vessie sur deux pattes perpétuellement débordante. Elle peinait pourtant à boire ses trois verres en une journée, violant ainsi les dogmes des diététiciennes et autres conseillères en nutrition des revues pseudo-médicales qui ordonnaient d’ingurgiter deux litres d’eau minimum par jour. É-LI-MI-NER était le maître mot de celles et ceux qui, comme l’ex, ne supportaient pas la moindre pellicule de graisse sur les os. Les privations de la guerre ne les avaient pas incités à remettre le rond et le gras à la mode. La maigreur avait plus que jamais la cote et le squelette se portait quasiment par-dessus les vêtements, à l’image d’une société mortifère incapable de nourrir et de protéger ses enfants.

Elle alluma l’écran mouchard. Un homme se tenait sur le perron, quarantaine négligée, cheveux bruns ébouriffés, barbe de trois ou quatre jours, veste et pantalon dépareillés, chemise chiffonnée, chaussures au cuir usé. Impossible de le classer dans une catégorie quelconque, prêcheur itinérant, démarcheur, flic, passant, voisin, voleur, psychopathe…

Elle rapprocha les lèvres du micro serti dans le chambranle.

« C’est à quel sujet ?

— Madame Jemma Hourtin ? »

La voix du visiteur lui parvenait déformée, crachotante, comme s’il lui parlait depuis un lointain espace. Elle avait signalé dix, vingt fois les dysfonctionnements de l’interphone, mais la société chargée de l’entretien de la résidence n’avait honoré aucun des rendez-vous convenus.

« Qu’est-ce que vous voulez ? »

L’homme lança un bref regard derrière lui.

« Vous n’avez pas reçu une visite… disons, particulière cette nuit ?

— En quoi cela vous regarde-t-il ? »

Elle avait craché sa question d’une voix hargneuse. Ce type lui tapait sur les nerfs, tout comme l’envie de pisser, tout comme sa nausée, tout comme le picotement de ses yeux, tout comme l’impression qu’elle portait sur ses épaules toute la souffrance du monde.

« Disons que je m’intéresse à votre affaire.

— Quelle affaire ?

— La disparition de votre fille. »

Elle tressaillit, se contint pour ne pas éteindre l’écran et mettre fin à la conversation.

« Vous êtes l’un de ces charlatans qui se font du fric sur le désespoir des familles ? »

L’homme eut un large sourire qui lui plissa les joues et les yeux, puis tenta de discipliner sa chevelure du plat de la main.

« Je suis journaliste et écrivain. Il serait plus honnête de dire que je ne suis plus qu’écrivain. Et comme je n’ai écrit aucun bouquin pour l’instant, je me dois de reconnaître que je ne suis presque rien. Mes opinions m’ont valu d’être viré de mon journal.

— Quel rapport avec moi ? Avec la disparition de ma fille ? »

L’homme inspecta à nouveau les environs du regard et, d’un geste de la main, invita Jemma à la patience.

« Nous serions mieux à l’intérieur pour en parler.

— Qu’est-ce qui me prouve que je peux avoir confiance en vous ? »

L’homme haussa les épaules.

« Rien. Ma bonne mine. Ou ma mauvaise mine, à vous de choisir. J’ai déjà trop traîné devant votre porte. J’ai pu tromper l’attention des vigiles à l’entrée de la résidence, mais ils ne vont pas tarder à s’apercevoir de ma présence. Et se rendre compte que je ne suis pas un habitué des lieux. »

Jemma crut discerner de la détresse dans les yeux fiévreux de son interlocuteur. Il ressemblait davantage à un homme traqué qu’à un fouille-merde. Il écarta les pans de sa veste et tourna lentement sur lui-même.

« Je ne suis pas armé, comme vous pouvez le constater. »

Bien qu’elle eût déjà pris sa décision, Jemma hésita encore quelques secondes avant de composer le code d’ouverture des quatre serrures électroniques. Elle faisait preuve d’une imprudence folle en accueillant un inconnu chez elle, surtout après la nuit d’épouvante qu’elle venait de passer, mais il apportait peut-être des éléments nouveaux sur la disparition de Manon, et puis, elle se tiendrait près du système d’alarme relié au PC des vigiles, le doigt posé sur le bouton.

« Je vous ouvre. »

Les Chemins de Damas
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